Ottawa, le 24 mai 2001. L’émission the fifth estate du réseau anglais CBC-TV, a obtenu le prix Michener 2000 pour une série de six dossiers sur la police et le système judiciaire. CBC faisait partie des six finalistes sélectionnés parmi 44 inscriptions.
Les reportages de l’émission the fifth estate ont révélé des détails sur la façon dont la police et les officiers de la justice s’acquittent de leurs responsabilités, les techniques qu’ils utilisent et les réactions à leurs erreurs.
Parmi les sujets traités, il y avait les moyens utilisés par un syndicat policier agressif et politisé à Toronto pour menacer des adversaires politiques et comment il y était parvenu ; deux émissions consacrées aux erreurs commises par la police et les procureurs dans l’affaire Stephen Truscott, lequel avait été reconnu coupable d’un meurtre qu’il n’avait pas commis il y a 40 ans ; une autre sur la façon dont des services de police s’y sont pris pour payer un criminel qui était informateur secret et un autre qui était témoin dans leurs poursuites ; et une dernière sur la façon dont le système judiciaire de la Saskatchewan a accepté de traduire en justice des personnes contre lesquelles on avait porté des accusations ridicules, allant de l’agression sexuelle jusqu’au meurtre, alors qu’on savait fort bien que ces accusations étaient fausses.
La Gouverneure générale Clarkson a déclaré que les finalistes au Prix Michener 2000 « avaient consacré des ressources humaines et financières à des sujets dans lesquels ils n’avaient aucun intérêt, mais qui servaient tous l’intérêt public. En fin de compte, ces récompenses reconnaissent comment la population bénéficie d’un excellent journalisme« . Voir le texte complet de l’allocution du Gouverneure générale)
Par ailleurs, la Gouverneure générale a aussi présenté la Bourse Michener-Deacon 2001 à Martine Turenne, journaliste au magazine L’actualité. Cette bourse de 20 000 $ versée par la Fondation Michener permettra à Madame Turenne de séjourner quatre mois dans une université mexicaine pour réaliser un projet d’étude et de reportage sur l’impact de l’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain) pour cette région. Le projet de la gagnante a été choisi parmi 10 candidatures à cette Bourse.
Les finalistes du Prix Michener, quant à eux, ont été sélectionnés parmi 44 inscriptions portant sur divers sujets d’intérêt public comme les pédophiles sur Internet, les étiquettes trompeuses des produits de médecine douce, les abus des lois sur l’accès à l’information, la manipulation des cours du marché boursier, les tactiques policières inacceptables, ainsi que la lutte contre les narcotiques.
Mention spéciale :
Le quotidien The Globe and Mail a reçu une mention spéciale pour deux séries de reportages qui ont mis à jour des pratiques douteuses sur les marchés boursiers. Dans une série, on a expliqué de quelle façon la compagnie Yorkton Securities avait joué simultanément le rôle d’investisseur, de conseiller en placement et d’initié pour les compagnies dont elle faisait la promotion. Cette série allait entraîner des changements dans les pratiques, ainsi qu’une enquête menée par la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario. Dans l’autre série, on a démontré que les achats à la dernière minute étaient fort répandus pour les titres inscrits à la Bourse de Toronto. On a découvert qu’en raison de cette pratique les Canadiens investissant dans les fonds communs de placement et de retraite pouvaient souvent payer trop cher ces fonds à cause des cours arbitrairement gonflés.
Des mentions d’honneur ont aussi été attribuées à :
Le quotidien Winnipeg Free Press : pour la série d’articles « Innocents On-line » (Victimes en ligne), qui a incité le gouvernement fédéral à modifier le Code criminel afin d’empêcher les pédophiles de traquer les enfants en ligne. Lancée à la suite d’une information anonyme donnée par un lecteur, cette série d’articles a documenté des cas de harcèlement criminel contre lesquels la police ne prenait aucune mesure parce que leurs auteurs n’avaient pas enfreint la loi. Le ministre manitobain de la Justice a ensuite entrepris une campagne à la grandeur du pays en faveur de la modification du Code criminel.
Le quotidien Toronto Star : dans la série « Blind Trust » (Confiance aveugle), une enquête sur la médecine douce, on a décrié le manque de contrôle de qualité et les étiquettes trompeuses dans le secteur des remèdes à base de plantes médicinales au Canada. Grâce à des essais indépendants, le Star a pu démontrer que les ingrédients figurant sur les étiquettes ne correspondaient souvent pas vraiment au contenu des bouteilles. Suite à la parution de ces reportages, le Bureau du coroner de l’Ontario a trouvé un moyen de compiler des données sur les décès impliquant les médecines douces, un outil permettant aux médecins de mieux comprendre le lien entre les pertes de vie et l’usage de remèdes n’ayant pas fait leurs preuves.
Le quotidien Ottawa Citizen : pour « Losing the War on Drugs » (Perdre la bataille contre la drogue), une série d’envergure de 16 articles établissant un lien entre les drogues illicites et les épineux dossiers sociaux du crime organisé, des décès dus aux surdoses, de la toxicomanie, de la contrebande, des atteintes aux libertés civiles, de la corruption et de la violence. Bien étoffée et s’appuyant sur de solides recherches, cette série a conclu que les avantages de l’interdiction des drogues ne l’emportent pas forcément sur le tort que ces drogues causent. On a proposé d’autres solutions que l’interdiction pure et simple. « Losing the War on Drugs » a eu une grande incidence sur les regroupements d’intervenants et a apporté de solides arguments dans débat sur les politiques du gouvernement en cette matière.
Le quotidien The Telegram (St. John’s) : la série intitulée « Access Denied » (Accès refusé) est une contestation réussie de la Newfoundland Freedom of Information Act (La loi sur l’accès à l’information de Terre-Neuve). Après avoir constaté que le gouvernement provincial était de plus en plus enclin à cacher des documents ou à ne pas accéder aux demandes d’accès à l’information, le journal a demandé à trois journalistes et au rédacteur en chef de soumettre des demandes d’accès à l’information sur une période de sept mois. Ces représentants du journal ont déposé 69 demandes différentes, en ont assuré le suivi à travers le système, et ont dévoilé les résultats de leurs actions. Au terme du projet, le gouvernement de Terre-Neuve a annoncé la création d’une commission chargée de revoir toutes les questions soulevées par le journal.

Pierre Bergeron, Président de la Fondation des Prix Michener, présente les finalistes qui entourent leurs Excellences, à Rideau Hall, le 24 mai 2001.
De gauche à droite, Martine Turenne (récipiendaire de la Bourse Michener-Deacon); Russell Wangersky, du St. John’s Telegram; David Studer, de l’émission the fifth estate; la Très Honorable Adrienne Clarkson, Gouverneure générale du Canada; Son Excellence John Ralston Saul; Jacquie McNish, du Globe and Mail; Leslie Papp, du Toronto Star; Lindor Reynolds, du Winnipeg Free Press; et Dan Gardner, du Ottawa Citizen.

Son Excellence John Ralston Saul, Linden MacIntyre et Hanna Gartner

Son Excellence John Ralston Saul, la gouverneure générale Adrienne Clarkson et David Studer
Le Comité de sélection du Prix Michener 2000 :
David Humphreys, président du jury, ex-rédacteur en chef du quotidien The Ottawa Journal et correspondant européen des Publications FP; Joan Fraser, sénatrice, ex-rédactrice en chef du quotidien The Gazette, Montréal ; Arch MacKenzie, ex-correspondant en chef de la Presse canadienne et du Toronto Star à Ottawa ; Duncan McMonagle, ex-rédacteur en chef du quotidien Winnipeg Free Press ; René Roseberry, ex-directeur de l’information au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières et président des Grands prix des Hebdos du Québec.
Créé en 1970, le Prix Michener pour excellence en journalisme d’intérêt public porte le nom de l’ex-Gouverneur général Roland Michener. Il s’adresse non pas à un ou des journalistes, mais aux organisations de presse écrite, de radio et de télévision. Il est attribué pour la qualité professionnelle des travaux réalisés ainsi que de leur impact en matière d’intérêt public. Le jury tient compte dans son évaluation des ressources dont les médias disposent pour réaliser leur travail, ce qui permet aux plus petites organisations de rivaliser avec les plus grandes.