L’enquête de 18 mois de cet hebdomadaire, doyen des journaux francophones d’Amérique, a culminé au printemps 2008 avec la publication d’un dossier percutant intitulé « Le Cégep de tous les excès« , sur le gaspillage de fonds publics, des contributions politiques illégales, d’allocations de dépenses soumises à aucune vérification ni approbation, et de missions internationales suspectes. Le dossier a amené le Vérificateur général du Québec à réaliser une enquête afférente et à formuler des recommandations visant à améliorer la gouvernance des Cégeps.

Excellences, Madame la juge en chef de la Cour suprême du Canada, Distingués parlementaires, M. Humphreys (président de la Fondation Michener), Finalistes, Distingués invités, Mesdames et messieurs,
Le 10 juin 2009 est une date très importante dans la longue et riche histoire du Courrier de St-Hyacinthe, le doyen des journaux de langue française en Amérique, qui a été fondé en 1853. C’est avec énormément de fierté que notre équipe de sept journalistes – oui, seulement sept – se réjouissent d’être finalistes du prestigieux Prix Michener 2008.
Amorcée à l’automne 2006 et réalisée dans un climat d’intimidation marqué par la réception de trois mises en demeure, notre enquête journalistique a culminé avec la publication d’un dossier percutant intitulé « Le Cégep de tous les excès« . Nous y rapportions des excès, tels du gaspillage de fonds publics, des contributions politiques illégales, des organismes bidon, des allocations de dépenses somptuaires soumises à aucune vérification et des missions internationales suspectes.
Localement, sur une période de 18 mois, nos révélations ont entraîné la démission du directeur général, le congédiement du directeur du Service aux étudiants et la retraite anticipée de la directrice du bureau de liaison international du Cégep de Saint-Hyacinthe. Au niveau national, notre enquête a par ailleurs soulevé bien des questions sur l’administration publique et les règles de gouvernance en vigueur dans les Collèges d’enseignement public du Québec.
Inspiré par les reportages du Courrier, le Vérificateur général du Québec, Renaud Lachance, a décidé d’examiner de façon approfondie les relations d’affaires de tous les Cégeps du Québec avec des organismes apparentés. Ses découvertes et recommandations ont fait l’objet d’un chapitre entier dans le Rapport 2008-2009 du Vérificateur général du Québec déposé à l’Assemblée nationale.
M. Lachance n’a pas manqué de souligner la qualité de notre travail. Je le cite : « Vos articles ont fait en sorte que beaucoup de gens se sont réveillés et que des changements ont été apportés dans les mesures de contrôle. »
Le gouvernement du Québec, par l’intermédiaire de la ministre de l’éducation, a fait écho à notre enquête et aux préoccupations du Vérificateur général en présentant le projet de Loi no 110 modifiant la Loi sur les Collèges d’enseignement général et professionnel en matière de gouvernance. Ce projet de loi devait entre autres permettre d’accroître la transparence des collèges et l’imputabilité des conseils d’administration.
Comme vous êtes à même de l’apprécier, les retombées significatives de nos reportages pour l’intérêt public sont indéniables. Il n’est pas donné tous les jours à un hebdomadaire régional de publier des dossiers qui ont une portée si grande, allant jusqu’à commander une intervention du Directeur général des élections, du Vérificateur général, puis de la ministre de l’éducation avec le dépôt d’un projet de loi. C’est pourtant l’exploit que nous avons accompli malgré des ressources extrêmement limitées.
En terminant, je voudrais remercier le jury du Prix Michener pour cette reconnaissance qui me va droit au Coeur. Je souhaite bonne chance à tous les finalistes qui travaillent aussi dans l’intérêt du public. A mon avis, il n’y a que des gagnants ici ce soir.
Merci
Martin Bourassa
Rideau Hall, Ottawa,
le 10 juin 2009.