
Distingués invités, mesdames et messieurs,
Il me fait plaisir de vous souhaiter la bienvenue à Rideau Hall à l’occasion de la 20e remise annuelle du Prix Michener. C’est un événement particulièrement heureux qui célèbre le journalisme de qualité, tout en rendant hommage à la vie et la carrière d’un homme remarquable qui a donné son nom à cette récompense.
Edmund Burke a dit au sujet de la Galerie de la presse qu’il s’agissait « du quatrième pouvoir, de loin plus important que tous les autres. Ce n’est pas une figure de style ou une croyance populaire« , a-t-il ajouté; « c’est un fait réel, vraiment présent dans notre vie quotidienne« . Je dois préciser que ces mots ne sont pas de Edmund Burke lui-même, mais de Thomas Carlyle qui rapportait les propos de Burke.
Même un coup d’oeil superficiel sur le travail des sept organismes de presse auxquels nous rendons hommage ce soir nous démontre de façon éclatante combien ces membres du quatrième pouvoir ont contribué à faire du Canada un pays plus sécuritaire, plus humain et un meilleur endroit où vivre.
Comme groupe, ils sont tout à fait remarquables, surtout qu’ils représentent les meilleurs parmi les meilleurs. Le fait qu’ils aient été choisis parmi 57 participants – comparativement à 32 l’an dernier – démontre bien leur professionnalisme et l’importance du journalisme canadien pour l’ensemble de notre société.
Mais arrêtons-nous un moment sur chacun de ces sept finalistes: l’histoire d’une femme dont la vie s’est terminée dans un désespoir profond, mais présentée sous un angle qui nous fait nous demander ce qui a été fait et ce qui aurait dû être fait. Des images bouleversantes d’une recherche qui va au-delà de notre imagination et dont les résultats nous sont jetés en pleine face.
Deux dossiers traités en profondeur, l’un sur l’environnement et l’autre sur les drogues, qui ne tombent pas dans le sensationnalisme, mais qui sont d’une incroyable importance pour les communautés qu’ils rejoignent. Un regard en profondeur sur les dangereux faux-pas de la justice qui mènent à des injustices que nous aurions préféré croire qu’elles ne faisaient pas partie de la réalité canadienne.
Le dévoilement d’une situation que nous aurions voulu qu’elle n’existe pas, celle d’enfants supposément entourés et protégés mais dont on a abusé de plusieurs façons qui font mal à voir. Dans chacun de ces cas, des journalistes et les organismes de presse qu’ils représentent ont fait une différence : ils nous ont permis de comprendre un peu mieux, ils ont forcé des personnes à agir, et ils ont permis de corriger de véritables injustices.
Soulignons enfin la décision prise par un journal, dont le tirage n’est pas élevé, mais qui est de grande qualité, d’informer ses lecteurs sur les choix politiques qui s’offraient à un peuple autochtone vivant à des milliers de kilomètres plus loin. Ce journal a aussi réalisé de grands efforts pour que les communautés concernées soient bien informées sur les questions susceptibles d’influencer leur vie et celle de leurs enfants.
Chacune des inscriptions retenues par le jury satisfaisait pleinement aux critères du prix Michener. Tous ces documents et dossiers étaient en effet désintéressés, méritoires et d’intérêt public. Mieux encore, ils nous ont démontré que des journalistes pouvaient par leur compétence et leur travail atteindre l’excellence dans leur domaine et que leurs employeurs avaient raison de miser sur leurs talents et leurs possibilités.
Mes félicitations à tous et chacun de vous. Vous avez servi vos auditoires et votre profession avec distinction. Je ne crois pas qu’il soit exagéré de dire que nous vivons dans un environnement meilleur grâce à votre travail. Au nom de tous les Canadiens, je voudrais tous vous remercier sincèrement.
Le Très Honorable Ramon Hnatyshyn,
Gouverneur général du Canada,
Rideau Hall, Ottawa,
le mardi 19 juin 1990.