Le 16 novembre 1985.- La Gouverneure générale Jeanne Sauvé a présenté le prix Michener pour l’année 1984 au Kingston Whig-Standard. Ce prix reconnaît l’excellence en journalisme d’intérêt public au Canada. Le journal gagnant avait publié une série d’articles sur la réforme de la fiscalité fédérale. C’est le rédacteur en chef Neil Reynolds qui a accepté le prix au nom du quotidien.
La Société Radio-Canada s’est classée deuxième à ce concours et a reçu une mention d’honneur, alors que trois autres organismes de presse ont obtenu des citations de mérite (voir ci-dessous). Les récompenses ont été remises au cours d’un dîner officiel à Rideau Hall, dîner au cours duquel la Gouverneure générale a félicité les récipiendaires pour leur travail exceptionnel, déclarant que « dans votre quête de la vérité et des faits exacts jusque dans le moindre détail, vous avez accompli énormément, et même établi de nouveaux standards qui seront source d’émulation et de respect pour vos collègues journalistes » (Voir le texte complet de la Gouverneure générale).
Le Kingston Whig-Standard a produit une très éclairante série d’articles sur la réforme fiscale. Les juges ont dit que « le journal avait généreusement accordé du temps à ses journalistes ainsi que beaucoup d’espace dans ses pages, n’hésitant jamais à assumer les coûts nécessaires pour recueillir toute l’information ». Les journalistes Peter Miller et Ian Hamilton ont consacré 9 mois à rechercher et à rédiger leur travail qui a résulté en 26 articles différents totalisant 48 000 mots. Ces articles ont été publiés sur 22 jours consécutifs entre le 24 novembre et le 19 décembre.
En recevant le Prix Michener, le rédacteur en chef Neil Reynolds a avoué que le plus grand défi dans la réalisation de cette série d’articles consistait à présenter les failles du système fiscal canadien d’une façon assez intéressante « pour qu’une personne ordinaire puisse s’y intéresser même après une longue journée de travail ». Le travail des journalistes Peter Miller et Ian Hamilton est maintenant disponible dans un format livre.
Le créateur du prix qui porte son nom, l’ex-Gouverneur général Roland Michener, assistait à la présentation. Un record de 54 organismes de presse ont soumis leur candidature pour l’année 1984.
Une mention spéciale :
À la Société Radio Canada pour une enquête réalisée sur les conditions troublantes des patients à l’hôpital Louis-Hippolyte LaFontaine de Montréal. Les reportages ont capté l’intérêt des Québécois qui sont très préoccupés par les conditions dans lesquelles se retrouvent les 2 200 patients de cet hôpital dont l’âge moyen est 55 ans. Les reportages, présentés quatre jours consécutifs en avril, faisaient suite à un rapport confidentiel réalisé par l’Ordre des infirmières du Québec. Ce rapport portait des jugements sévères sur l’organisation de l’établissement et sur la qualité des services qui y étaient offerts. La diffusion de ces reportages a provoqué une enquête provinciale, en plus de capter l’attention des journaux français et anglais du Québec.
Des mentions d’honneur :
Au journal Ottawa Citizen pour des articles publiés à la suite d’une enquête sur la prise de contrôle de Petro Canada sur Petrofina en 1981. Ces articles ont révélé des coûts qui n’avaient jamais été dévoilés auparavant à cause de la façon dont l’entente avait été réalisée. Cette transaction a finalement coûté 200 $ millions de plus aux Canadiens que ce qui avait été dévoilé au moment de la prise de contrôle. Ces articles ont servi de catalyseur à une longue dispute entre le Vérificateur général Kenneth Dye et le bureau du Premier ministre.
Au journal Winnipeg Free Press pour une campagne visant à mettre fin aux infractions pour stationnement, campagne qui a établi que 85 000 délinquants devaient 1,13 $ million en amendes impayées à la ville. Le journal a dû obtenir un ordre du tribunal pour que le Service de police lui fournisse les noms des délinquants avec les montants dûs. Ces articles ont généré 300 000 $ de revenus pour la ville, accéléré le paiement des amendes et amené un plus grand respect des règles de stationnement. Cette campagne a aussi généré des opérations semblables dans d’autres villes du Manitoba et suscité de l’intérêt de plusieurs autres ailleurs au Canada.
Au journal Globe and Mail pour une campagne visant à modifier les lois régissant les drogues dures de façon à permettre aux médecins de prescrire de l’héroine pour soulager la douleur des patients atteints de cancer en phase terminale. Le Globe and Mail a publié les chroniques de W. Gifford-Jones, qui est en réalité le Dr Kenneth Walker, un militant de longue date en faveur de l’usage de l’héroine pour soulager la douleur des patients atteints de cancer. Le journal a appuyé ces chroniques par des éditoriaux solides et un reportage bien raisonné sur l’ensemble de cet enjeu.
Le jury des Prix Michener 1984 :
Fraser MacDougall, secrétaire exécutif du Conseil de presse de l’Ontario; Bill Boss, ex-directeur des relations publiques de l’Université d’Ottawa; Emery LeBlanc, ex-rédacteur en chef de l’Evangéline et ex-directeur des relations publiques de Via Rail; Robert Nielson, de Perth-Andover, au Nouveau-Brunswick, un retraité du Toronto Star; et Jack Fleming, de Calgary, un gestionnaire retraité des journaux et des relations publiques.
Le prix Michener est présenté annuellement depuis 1970, date à laquelle il a été créé par le Très Honorable Roland Michener, alors Gouverneur général. Ce prix vise à reconnaître et promouvoir l’excellence en journalisme d’intérêt public au Canada.